• C'est la lutte infernale

     

    C'est la guerre.

    Depuis plusieurs générations,

    Nos jungles grises de béton

    Sont le théâtre d'opérations

    D'une guerre qui ne dit pas son nom.

     

    D'un coté :

    Des divisions de chômeurs,

    Des divisions de travailleurs,

    Des cohortes de crève-la-faim

    Considérées comme moins que rien.

     

    Face a eux :

    De fières garnisons de crapules,

    De fiers dirigeants sans scrupules,

    Des multinationales puissantes

    Et cette élite omnipotente.

     

    A l'école,

    C'est le parcours du combattant.

    La quille pour certains dès seize ans,

    Sans même avoir pu décrocher

    Le moindre diplôme pour batailler.

     

    Mal armés,

    Ils vont ramer et galérer,

    Et parfois finir au charnier.

    Parmi ceux qui n'ont pas d'diplôme,

    Certains savent brandir leurs neurones.

     

    Des ados,

    Pour oublier, prennent des substances,

    Croyant échapper aux souffrances,

    Aux combats, aux atrocités,

    Qu'ils subissent depuis des années.

     

    Dans nos troupes,

    Certains préfèrent la désertion

    A la vie dans ces conditions;

    Et ils se font hara-kiri,

    Dans l'indifférence des nantis.

     

    D'autres encore,

    En ronins, volent des sacs à mains,

    Et commettent des petits larcins.

    Ceux qui dérobent avec ampleur,

    Leurs treillis changent de couleur.

     

    T'es smicard,

    Tu gagnes un salaire de misère.

    T'es trop souvent à découvert;

    La banque t'a déjà pris comme cible.

    D'agios et de frais elle te crible.

     

    Au boulot,

    T'aurais voulu être augmenté;

    On t'a dit : « D'autres veulent travailler! »

    La peur du chômage a frappé

    Pour que tu te sentes désarmé.

     

    Les média

    Nous font un écran de fumée,

    Pour masquer au mieux cette mêlée.

    Dans leur régiment d'transmissions

    Y'a bien sûr la télévision.

     

    Fer de lance,

    Elle améliore ses munitions,

    Peaufine encore ses émissions,

    Émet une propagande crédible.

    Cerveaux des combattants comme cible.

     

    En prime time,

    L'animateur est un sniper,

    Qui tire des balles-somnifère.

    Ce trou d'balle nous siffle aux oreilles

    Beaucoup d'inepties sans pareilles.

     

    Il appuie

    Sur la détente de nos cerveaux

    Pour les préparer aux assauts

    De leurs messages publicitaires,

    Qui nous disent quoi penser, quoi faire.

     

    Si on ajoute

    Le tiercé, les bons matchs de foot,

    Qui font oublier la déroute,

    Certains esprits s'ront dominés;

    Les armes ils voudront déposer.

     

    T'es chez toi.

    Tu te croyais dans un bunker,

    Mais les média tentaculaires

    Viennent étouffer ta volonté

    De combattre l'adversité.

     

    Les journaux,

    Comme des tracts sont parachutés,

    Par les groupes de presse, bombardiers.

    Leurs contenus sont censurés

    Pour masquer certaines vérités.

     

    Premier mai,

    C'est la grande mobilisation

    Des syndicats, de leurs troufions.

    Des centaines de milliers défilent

    Un peu partout dans toutes les villes.

     

    Attention!

    Dans ceux qui disent défendre nos droits,

    On a eu quelques fois des rats

    Qui, sans vergogne, nous ont trahi,

    Passant à la solde de l'enn'mi.

     

    Dans la rue,

    Des combattants vont harceler

    L'ennemi pour avoir du blé.

    En guerre, oui le ravitaill'ment,

    On sait que c'est très important.

     

    Poing levé,

    Nos forces repoussent les attaques

    De ces hommes armés de matraques

    Et de grenades lacrymo,

    Pour défendre les acquis sociaux.

     

    On le chante,

    Mais c'est pas la lutte finale;

    La guerre perdure, c'est infernal.

    Elle produit d'la chair à canon

    Depuis plusieurs générations.

     

    On résiste,

    On a forgé des boucliers,

    Des textes pour nous protéger;

    Code du travail et conventions,

    Face à la fureur des patrons.

     

    Misogynes,

    Certains se moquent encore des femmes,

    Avec des préjugés, ils cranent.

    Ils croient qu'avec leurs bras musclés

    Dans cette guerre ils sont mieux armés.

     

    Pathétiques!

    Ils utilisent la dérision,

    Contre les femmes qui ont des galons.

    Les misogynes, les as des as

    Dans l'côté obscur de la farce.

     

    Certaines sœurs

    Sont très fortes comme des amazones;

    Et au son du clairon qui sonne,

    Elles peuvent fondre sur l'ennemi,

    Les harcelant comme des harpies.

     

    Gloire aux femmes.

    Celles qui sont sur la ligne de front,

    Et à l'arrière dans les maisons;

    Et qui malgré tous les affronts

    Gardent une grande détermination.

     

    Des familles,

    Qui sont dans la merde jusqu'au coup,

    Sont expulsées pour quelques sous

    Par des huissiers, qui en hussards,

    Les poussent à devenir clochards.

     

    On le sait,

    L'ennemi avec son argent

    A conquis beaucoup d'bâtiments.

    Pour les sans abris en hiver

    C'est plus dur de croiser le fer.

     

    Pour aider,

    Sur le terrain ces fantassins,

    Qui sont blessés, qui n'ont plus rien,

    Y'a des opérations maraudes,

    Des couvertures et des soupes chaudes.

     

    Sur le pavé,

    Chaque année y'a des deuxième classe

    Trucidés par la flèche de glace.

    Des soldats inconnus succombent;

    Le froid et les énarques triomphent.

     

    Les nantis

    Mettent des stratégies en actions

    Pour asseoir leur domination.

    Oui, comme l'eau va à la rivière,

    L'argent va aux puissants, mon frère.

     

    Tu le vois,

    Ceux qui triment et font des efforts,

    Et tentent d'améliorer leur sort,

    Livrent une guerre à la misère

    Instituée par ceux qui prospèrent.

     

    Chaque jour,

    Cette guerre explose des combattants

    Dans un silence assourdissant;

    On entend au loin quelques cris

    De nos frères d'armes dans l'agonie.

     

    Yeux ouverts

    Tu vois et tu comprends mon frère,

    Cette guerre est mondiale, planétaire.

    Peu de chance de gagner la guerre,

    Aucune sans dev'nir solidaires.

                                                                                                  Teddy Gérard


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